[Marina ABRAMOVIC: Balkan Baroque]

Sujet: [Marina ABRAMOVIC: Balkan Baroque] 2006-06-19, 14:28

bon c'est l'extrait d'un dossier que j'ai fait pour les cours ça peu peut-être rendre service et j'espère que ça vous plaira car c'est une artiste que j'adore! et surtout cette œuvre est vraiment très forte, elle ma beaucoup touchée!

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Balkan Baroque, 1997, Performance, Biennale de Venise

INTRODUCTION

Marina Abramovic est l’une des pionnière de l’art corporel, elle explore les thèmes de la souffrance, de « l’agression passive entre individus »ainsi que les limites de son corps.

En 1997, Marina Abramovic fut récompensée d’un Lion d’Or lors de la Biennale de Venise pour sa performance intitulée Balkan Baroque. Son œuvre consistait à nettoyer 1500 os de bœuf à l’aide d’une brosse à récurer qu’elle plongeait dans 3 seaux de cuivre rempli d’eau savonneuse. Son installation était aussi composée de trois projections vidéo la montrant, elle et ses parents. Tout en effectuant ce lourd labeur elle chantait des comptines de son enfance.

Nous allons donc voir le parcours de cette artiste surprenante à travers une bibliographie très diversifiée qui nous permettra d’aborder plus facilement son œuvre.
Puis nous verrons le contexte historique dans lequel elle a crée l’œuvre afin de mieux la comprendre.
Nous nous intéresserons ensuite à sa performance de plus près en la décrivant.
Enfin nous essayerons de comprendre cette œuvre éphémère en décryptant le message de l’artiste et à travers la place importante qu’elle a dans sa production.

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BIOGRAPHIE

Née le 30 novembre 1946 à Belgrade, en Serbie (ex-Yougoslavie à l’époque), Marina Abramovic est diplômée de l’Académie des Beaux-Arts de Belgrade, en 1970.

Elle étudie ensuite à l’Académie des Beaux-Arts de Zagreb entre 1970 et 1972, c’est là qu ‘elle crée ses premières performances et ses premiers univers sonores.

En 1974, lors d’une performance intitulée Rythme 0, sur les thèmes de la douleur et de la durée, elle utilise son corps en tant qu’objet. Elle mettra à la disposition du public 72 objets quotidiens tel qu’un miroir, du pain, mais aussi un couteau, une paire de ciseaux, des lames de rasoir…" Faites de moi ce que vous voulez " ordonna-t-elle aux spectateurs de cette galerie napolitaine. Au bout de plus de 3 heures, on lui avait arraché ses vêtements, entaillé la peau, et un homme avait été jusqu’à lui braquer sur la tête un pistolet chargé.
Elle effectuera d’autres nombreuses performances sur le thème du Body-art comme Thomas Lips où à l’aide d’une lame de rasoir elle se taille sur le ventre une étoile communiste.

Elle est intéressée aussi par le thème de l’exhibition, lors du vernissage d’une de ses expositions elle échange sa place avec une prostituée du Red Lake District. Chacune tient le rôle de l'autre et Marina se retrouve exposée dans une vitrine et se prostitue donc.

Elle s’installe, en 1975, à Amsterdam où elle rencontre un artiste allemand, Uwe Laysiepen, alias Ulay, avec qui elle aura une liaison, pendant douze ans, ponctuée de performances risquées mettant en œuvre leur corps dans des situations extrêmes et basées sur les limites de la relation de force entre les deux artistes.
Leur relation débutera avec une œuvre présentée, lors de la Biennale de Venise, en 1976, intitulée Relation in Space. Pendant une heure leurs corps nus se percutaient l’un contre l’autre de façon de plus en plus violente et rapide.
1988, marque la fin de cette collaboration à travers l’œuvre, the lovers : walk on the great wall où ils parcoururent chacun plus de 1000 kilomètres avant de se rejoindre sur la Grande Muraille de Chine.

Suite à cette séparation l’artiste entreprend une série de performances où elle utilise encore son corps mais en ne faisant qu’un avec la terre.
Puis à partir des années 90, ses travaux sont plus narratifs, elle se sert de scène de théâtre et utilise la vidéo comme nouveau médium pour « augmenter le degré de complexité du rapport avec le spectateur ». Comme on peut le voir dans Dragon Heads (1990-1992), qui est une série de performances réalisées dans le monde entier, où elle est enlacée par des pythons et des boas constrictor alors qu’elle est assise sur une chaise entourée de glace pour que les serpents ne sentent que sa chaleur. Dans la vidéo de cette performance on ne voit qu’un seul serpent qui se promène le long de son visage.
En 1997, lors de la Biennale de Venise elle obtient un Lion d’Or pour son œuvre Balkan baroque.

En parallèle de son activité d’artiste, elle donne des cours à l'Académie des Beaux-Arts de Paris, à l'Ecole des Beaux-Arts de Berlin, en 1990 et à l'Académie des Beaux-Arts de Novi Sad entre 1973 et 1975.

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DESCRIPTION DE L’ŒUVRE

Cette performance a donc lieu lors de la Biennale de Venise, en 1997. On y voit Marina Abramovic vêtue d’une longue robe blanche. Elle est assise sur un tas d’os de bœuf encore recouvert de quelques lambeaux de chair. Son travaille consiste à retirer la chair, les graviers et le sang de ces 1500 os à l’aide d’une brosse à récurer qu’elle plonge dans l’un des trois récipients en cuivre remplis d’eau savonneuse qui se trouvent à ses pieds.

Autour d’elle trois projections vidéo. Sur deux de ces écrans on peut voir son père originaire du Monténégro et sa mère d’origine serbe. Ils étaient tous deux des chefs de l’intelligentsia et des partisans actifs du régime de Tito. Sur l’écran du milieu, on peut voir Marina Abramovic vêtue d’une tenue de scientifique qui explique la création des « rats-loups » qui sont des créatures qui pouvaient être poussées à se détruirent entre elles dans les Balkans. Alternativement, on voyait aussi un chanteur fredonnant des mélodies dansantes et folkloriques, serbes et roumaines.

Pendant quatre jours, à raison de six heures par jours, dans une odeur nauséabonde de chair animale et d’eau savonneuse, l’artiste chantait des comptines de son enfance, en yougoslave.

A la fin de cette performance, elle est maculée de sang et totalement accablée par l’horreur de sa tâche. C’est en pleurs et épuisée qu’elle met un terme à cette torture.

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CONTEXTE HISTORIQUE DE L’ŒUVRE

Dans cette œuvre, on peut voir une artiste extrêmement engagée. Elle est invitée à la Biennale de Venise pour représenter le pavillon yougoslave. De plus, c’est la première femme artiste a représenter son pays dans cette ville. Elle a donc essayé d’être à la hauteur de toutes ces responsabilités à travers son œuvre, car à cette époque là, sa patrie est en guerre.

En effet, suite à la décomposition de la Yougoslavie, à la mort de Tito, en 1980, on assiste à un terrible face à face entre les classes dominantes de la Croatie et de la Serbie, ce qui entraînera le nettoyage ethnique de la Bosnie.

La performance artistique est une forme d’opposition politique surtout dans les pays anciennement communistes comme la Serbie où la liberté de parole et de mouvement est très restrictive. Des manifestations de ce genre se déroulaient un peu partout, en passant des centres universitaires aux lotissements vides, à l’abri des regards. La performance associée au Body-Art permet donc à l’art contestataire de se produire partout, sans matériel, ni atelier, et de plus l’œuvre ne laisse aucune trace car son corps est son « matériau ». Avec l’espace dans lequel il est placé, il constitue le « Performing Field » de l’artiste c’est à dire le « champ d’exécution ». Nous allons donc voir par la suite comment grâce à la performance Abramovic crée une représentation mémorable des atrocités de son époque.

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ANALYSE DE L’ŒUVRE

Pour l’artiste, cette œuvre est une sorte de rituel de purification envers ses origines et la barbarie humaine. On retrouve l’idée très forte de cette purification dans l’action de nettoyer avec de l’eau et dans sa robe blanche qui portera quand même des traces de sang de son lourd labeur. On y voit un côté religieux avec le contraste du sang rouge sur sa robe blanche. Elle désigne elle-même son œuvre placée sous les thèmes de « la chair et Dieu ». Cette idée est renforcée par la répétition des gestes qui est de l’ordre du rituel. Elle dit, d’ailleurs, que pour elle le corps est « un lieu de sacrifice et de légendes. […] C’est une façon de renouer avec des cultes primitifs et rituels. » On distingue très vite l’idée de spiritualité qui se dégage de l’œuvre et qui est renforcée par l’idée de triptyque avec les projections comme des icônes religieuses. De plus la religion est très importante chez elle car son grand-père était patriarche de l’église orthodoxe, il fut assassiné par le roi avec ses frères, en 1938.

On peut voir ici un attachement particulier à sa famille avec les « portraits » de son père et de sa mère en projection qui entoure d’un coup leur fille et de l’autre le chanteur. Cette référence à sa famille se retrouve dans ses comptines qui sont des chants de son enfance.

On y trouve également une préparation à la mort très présente qui fait référence à Cleanning the Mirror. Performance datant de 1995, où elle nettoyait un squelette avec une brosse et de l’eau dans un sous-sol humide, froid et très peu éclairé, dans une galerie de New-York. Là encore elle est vêtue d’une longue robe blanche et elle est assise à même le sol.
A travers ces différents thèmes plus personnel, l’artiste nous montre une représentation à sa manière de la guerre en Bosnie. En effet la dimension politique de cette œuvre avant tout traumatique est incontestable.
Tout d’abord, elle a joué sur la durée et la fatigue. Le côté répétitif de l’œuvre dans la durée a crée une sorte d’onanisme chez l’artiste, comme chez les malades mentaux, c’est une dissociation du corps et du moi, à travers une ritualisation de la douleur. Cette idée de durée et de répétition laisse peut-être penser aux entraînements militaires, à la fatigue du corps. Fatigue qui est aussi psychique, certains spectateurs déclarèrent avoir vu « l’artiste dans une tristesse profonde et incontrôlée »

L’aspect scientifique de la vidéo fait aussi référence à la guerre à travers le côté méticuleux, répétitif et cadré de l’organisation militaire. Le chanteur que l’on voit par intermittence montre le côté ironique de l’œuvre lorsqu’on se rend compte de la place décalée qu’il tient ici tout comme dans les cavernes balkaniques où il était là pour « amuser » l’assistance. Le titre exprime de lui-même cette idée, Balkan Baroque. Il ne faut pas oublier que cette œuvre est une dénonciation de la barbarie humaine comme le dit si bien Marina Abramovic, « il y a plusieurs niveaux de lecture, c’est une référence valable pour toutes les guerres et les charniers ».

De plus, cette performance se déroule dans un lieu artistique, on peut donc dire que c’est le théâtre de la cruauté tout comme les conflits armés en Bosnie. En effet et contrairement à de nombreuses autres œuvres de l’artiste, le public n’est pas acteur mais spectateur. Ici, le public est lui aussi confronté à l’horreur de la guerre à travers la détresse de l’artiste. Il peut y voir le reflet de cette guerre dévastatrice. Le public est ici contraint à assister à des actes de violence psychologiques auquel se soumet l’artiste comme s’il était fasse à la guerre elle-même.

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CONCLUSION

On peut dire que cette œuvre recrée l’univers de la guerre car on y voit une scène de barbarie mais aussi des portraits de proches et une dimension sonore incontestable qui donne de l’innocence à l’artiste pour mieux faire ressentir l’atrocité de ce nettoyage ethnique.

L’évolution thématique de son œuvre nous montre aussi une sorte de boucle sans fin car ces différents médiums apportent chacun un thème, les os amènent la barbarie, la vidéo: la famille, mais ils se rejoignent tous sous le thème de la mort.

Cette œuvre dramatique fut à l’origine quelques années plus tard d’un film de Pierre Coulibeuf intitulé aussi Balkan Baroque dans lequel Marina Abramovic joue son propre rôle.

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BILIOGRAPHIE

:star: R. GOLDBERG, La Peformance, du futurisme à nos jours, (coll. L’Univers de l’Art), Singapour, Thames et Hudson, 2001.

:star: R. GOLDBERG, Performances, l’art en action, Paris Thames et Hudson, 1999.

:star: Women Artists, femmes artistes du XX ème et XXI ème siècle, (coll. Taschen), Paris, Uta Grosenick, 2004

:star: P. ARDENNE, Un Art Contextuel, création artistique en milieu urbain, en situation, d’intervention, de participation, Paris, Flammarion, 2004.

Sujet: Re: [Marina ABRAMOVIC: Balkan Baroque] 2006-06-19, 14:33

c'est super chouette que tu es mis ton exposé là !!!

» [Performance] Abramovic et Ulay
» [Peintures ] chtitebulleuh enfin marina :)